Vous aurez ici toutes les réponses détaillées sur les questions qui se posent le plus à propos du "jeu de peindre".
N'hésitez pas à poser les votres dans le "Livre d'or"
Correspondance
Suite à une séance "porte ouverte" improvisée dans l'atelier du jeu de peindre le dimanche 30 novembre 2014:
Je me suis "confrontée" à quelques questionnements de la part des "visiteurs" qui pensent arriver là dans un lieu de peinture et de "libre expression" traduction dans leur langage "liberté totale de ma mise en scéne unique et démarqué d'autrui" ( le moi narcissique).
Ce n'est bien sur pas volontaire mais cela m'a permis , suite à cette expérience de poser quelques questions à Arno Stern:
Le lundi 1 déc. 14 à 15:33, Natacha CARON a écrit
"Bonjour Arno,
L'atelier de Pringy commence à se remplir et la liste des questions avec . Nous l'avons certainement déjà vu ensemble mais parfois un petit rappel ne fait pas de mal.
Petites aventures de l'atelier:
Un monsieur arrive dans l'atelier pose sa feuille de travers et déjà je lui dit non, ça ne lui plait pas, je lui donne une raison (l'espace de la pièce) mais il n'est pas convaincu, un autre (encore un monsieur!) décide de peindre autour de sa feuille, sur le mur, encore non (bon la c'est exagéré),et que dire à cette ado qui dit maîtriser les gouttes qu'elle laisse filer volontairement sur sa feuille? En général ce sont les adultes qui cherchent les limites et tentent de sortir du cadre, les enfants savent et sentent ce qui est juste . Donc que répondre à ces adultes ou adolescents qui trouvent que pour un atelier libre d'expression il y a bien des contraintes?
Merci d'avance pour votre réponse, Natacha Caron de Haute-Savoie. "
REPONSE le 17/12/14 à 18:08
"Chère Natacha Caron
Tout jeu repose sur des règles. Toute personne qui s'engage dans le Jeu de Peindre doit accepter que, dans le Closlieu, c'est comme ça et non autrement. Et vous expliquez les raisons qui sont convaincantes. Pourquoi les feuilles sont horizontales (ou verticales) parce que l'axe du corps est vertical, l'axe des yeux est horizontal. Si la feuille est un espace en diagonale, cela rompt cet équilibre et donne le vertige à la personne qui est face à sa feuille. Pourquoi on ne barbouille pas le mur? C'est tout simple: la feuille est l'espace de la personne. Elle y inscrit sa trace, mais au-delà, c'est l'enveloppe protectrice, le lien avec les autres; C'est pourquoi il ne faut pas laisser plus de 2 à 3cm entre les feuilles, même s'il y a peu de personnes dans le Closlieu,
Les coulures ne sont pas des traces nées d'une nécessité véritable. Pour que la Trace soit authentiquement l'émanation de la personne, il faut que celle-ci arrive à une maîtrise parfaite, éliminant les hasards, les maladresses. L'accidentel et le spontané (l'involontaire, qui est au-delà de l'intention) ne sont pas du tout la même chose. Vous n'imposez pas des restrictions, vous permettez à la personne d'être habile, ce qui la rend libre. Chaque fois qu'il y a une imperfection (p.ex. des espaces trop larges entre les feuilles) cela produit des problèmes. Les petits défauts ont de grandes conséquences.
Tenez-moi au courant.
Meilleurs voeux !
Cordialement
Arno Stern"
L’art de peindre appartient aux artistes. Le Jeu de Peindre appartient à tous les autres. Par le Jeu de Peindre, tout être humain est capable d’exprimer ce qui ne pourrait être manifesté par aucun autre moyen. Mais pour que la trace ait cette vertu, elle doit se produire dans des circonstances appropriées. Alors, au lieu d’appartenir à l’art, elle est la « Formulation ». En créant un lieu spécifique pour le Jeu de Peindre, un espace de quiète aisance, Arno Stern a rendu possible la Formulation, une manifestation sans précédent : une trace exempte du rôle de la communication. Elle puise dans la Mémoire Organique, dont il a révélé l’existence, et que les neurophysiologistes, généticiens, embryologistes… ont découverte de leur côté. La connaissance de la Formulation donne un autre regard sur ce que, communément, on appelle le dessin enfantin. Bien des notions habituelles disparaissent alors, notamment l’idée de l’existence d’un don, ou d’un handicap, comme aussi la manie d’interpréter la manifestation de l’enfant et de déceler de prétendus messages secrets enfouis dans ses représentations…Arno Stern parle d’un âge d’or. C’est ce quart de siècle qu’il a connu, après avoir inventé le Closlieu, où des centaines de personnes ont vécu des heures exaltantes, des enfants de tous âges, dont les facultés de jouer étaient intactes. Ils oubliaient, dans le Closlieu, les ennuyeuses leçons de dessin et vivaient ainsi la Formulation dans toute son extraordinaire intensité. Est venue l’éducation artistique, avec ses écrasantes notions, empruntées au domaine de la création artistique. Elle a obstrué les canaux de la spontanéité. L’enfant est devenu un artiste de parodie, qui produit pour récolter la récompense des adultes complaisants (et complices, sans s’en douter, d’un saccage irréparable). Ce qui, quotidiennement, se produisait chez tant et tant d’enfants dans le Closlieu, un plaisir dont ils se souviennent, avec émotion, trente ou quarante ans plus tard, devrait être accordé à tous les enfants, les réjouir, faire d’eux des êtres accomplis. Mais une éducation malencontreuse a détruit en eux toute spontanéité et en a fait des êtres stériles, déséquilibrés, qui manifestent bruyamment leur inassouvissement. Arno Stern fait savoir ce qu’est la Trace naturelle. S’il est urgent de sauver, dans notre environnement, toutes les espèces menacées de disparition, il est urgent de sauver aussi le paysage intérieur de l’humain, afin que revienne un nouvel âge d’or de l’Expression.
